Anne-Catherine et Nicolas,
éleveurs de volailles bio en période d’épidémie de grippe aviaire

 

Depuis plusieurs mois, une nouvelle épidémie de grippe aviaire sévit en France et touche particulièrement le Sud-Ouest et plus récemment les Pays de la Loire. Déjà, plusieurs millions de volailles ont été abattues, soit parce que l’élevage a été touché par la maladie, soit à titre préventif. Comme à chaque épidémie, des mesures sanitaires ont été prises. Mais contrairement aux années précédentes, les petits éleveurs en plein air ne bénéficient plus de la dérogation qui leur était accordée jusque là et qui leur permettait de laisser leurs volailles en extérieur sur de grandes parcelles.

Anne-Catherine et Nicolas Petit sont éleveurs de volailles bio en plein air dans le Gers et sont eux aussi touchés par la suppression de cette dérogation. Comme tous les éleveurs de volailles en plein air, ils réclament son rétablissement. En attendant, leurs volailles ont toujours le droit de sortir mais sur une trop petite surface très vite piétinée. Les cahiers des charges bio et plein air imposent 4 m² minimum par volaille, les mesures sanitaires obligent les éleveurs à réduire l’accès extérieur à 0,5 m² par tête. Immersion dans leur ferme « La Ferme En Coton » en cette période difficile.

Anne-Catherine et Nicolas Petit sont installés dans le Gers depuis 2001. Anne Catherine était institutrice, Nicolas cadre sup au magasin Le Printemps à Paris, ils sont devenus paysans bio dans le Gers. Dans leur ferme « La ferme en coton », ils élèvent principalement des volailles, mais aussi des porcs noirs, des moutons, des lapins …
Depuis quelques années, le sud-ouest de la France est régulièrement touché par des épidémies de grippe aviaire mais, jusqu’à cette année, les élevages en plein air avaient pu bénéficier d’une dérogation à l’obligation de claustration et de mise sous filets des parcours.
Depuis le 5 novembre 2021, il n’est plus possible d’obtenir cette dérogation. Dans un premier temps, Anne-Catherine et Nicolas ont choisi de passer outre et de se battre avec d’autres éleveurs de l’association « Sauve qui poule » pour le rétablissement de cette dérogation, la grippe aviaire touchant dans l’immense majorité les élevages industriels où les animaux sont déjà claustrés. Le 22 février, Nicolas et des membres de la confédération paysanne ont été reçus par le préfet du Gers. Une centaine de personnes était présente pour soutenir les éleveurs.
Mais, suite à la diffusion d’un reportage sur France 2 qui leur était consacré, ils ont reçu une mise en demeure. Le 25 février, tous les parcours à volailles de la ferme en coton devront passer de 2000m² à 250m², chaque volaille ne disposant plus que de 0,5m² au lieu de 4m². Dès le 22, Nicolas, Anne-Catherine et Alex, ouvrier agricole à la ferme en coton, se sont attaqués à la réduction des parcours.
Pour pouvoir installer les filets, les volailles ont dû être enfermées alors qu’à partir de la cinquième semaine elles sont habituellement libres d’entrer et sortir de la cabane de jour et comme de nuit. Anne Catherine filme la réouverture de la cabane pour la diffuser sur les réseaux sociaux. Les premières volailles sortent calmement, puis c’est l’affolement.

La ferme en coton se plient à la réglementation mais Anne-Catherine et Nicolas ne comprennent pas cette mesure de limiter les parcours. Réduire les parcours pose de gros problèmes, d’abord ils sont très vite piétinés, ensuite la promiscuité que cela engendre augmente le stress chez les animaux mais aussi le risque de développement de salmonelles, parasitisme, gale des pattes … Les parcours à volailles trop petits sont très vite sans un brin d’herbe.

Depuis 20 ans qu’ils sont installés, ils n’ont jamais utilisé de produits vétérinaires et leurs volailles n’ont jamais été malades. Pour éviter tout problème de parasitisme, Nicolas a adopté un système simple et efficace : il déplace régulièrement les cabanes qui abritent les volailles, cela permet aussi au sol de se régénérer naturellement.

De plus, la nourriture qu’il donne aux animaux est presque intégralement produite sur la ferme (féverole, triticale, tournesol, soja), seul le maïs est acheté à des voisins producteurs bio.
Anne-Catherine et Nicolas ont choisi de tout maîtriser, pour cela ils sont même allés jusqu’à monter avec d’autres éleveurs bio leur propre abattoir et vendent leurs volailles en circuit court, soit directement à la ferme le vendredi après-midi, soit sur le marché de L’Isle-Jourdain le samedi matin.